A PROPOS D'ANORTHOSITE
image issue de la section japonaise de la galerie d'images Kaguya, JAXA/Selene
La sonde japonaise Kaguya a terminé sa mission, mais on continue de tirer des résultats scientifiques intéressants des données qu'elle a produites. L'image ci-dessus montre la distribution des cratères lunaires dont les pics centraux sont riches en anorthosite. Les carrés bleus correspondent aux pics formés essentiellement de ce minéral, les jaunes et oranges à une forte concentration. Les points blancs correspondent aux cratères de toute taille pour lesquels la concentration en anorthosite n'a pas pu être déterminée car le cratère est enfoui sous des dépots plus récents. Les petits carrés représentent des cratères de diamètre inférieur à 30 km, les gros carrés des cratères plus larges.
La composition des pics centraux est une donnée importante dans la mesure où ces pics se sont formés par remontée de matériau d'une profondeur estimée entre 3 et 30 km sous la surface. Dans ce contexte, l'anorthosite est un composant important car ce minéral est censé s'être formé au sein de l'océan de magma à la fin du processus d'accrétion ayant donnée naissance à la Lune. De faible densité relative, on pense qu'il flottait à la surface de cet océan, comme une écume et y est probablement resté sauf aux endroits où la surface a subi un impact ultérieurement ou il a été recouvert par les laves des mers ou le megaregolithe. L'image ci-dessus est importante car elle montre que les pics exhibant une forte concentration en anorthosite sont présents partout à la surface de la Lune, ce qui accrédite l'idée d'un océan primordial global.
Le détail sur la droite montre le pic central du cratère Jackson, sur la face cachée. On a ici plaquée un modèle 3D haute-résolution sur la carte de concentration en anorthosite.
A propos de ce sujet, le cas du cratère Aristarque est intéressant. Les observations terrestres ont montré que ce cratère était riche en anorthosite, ce qui suggère que ce cratère s'est créé sur la croute de la l'océan primordial. Ceci a été avancé comme un argument contre la thèse d'un hypothétique bassin d'impact Gargantua - couvrant presque la moitié de la face visible - car la croute d'anorthosite est supposée se disperser lors de la formation d'un bassin d'impact. Aristarque est le seul cratère de la face visible au sein d'une mer qui semble suffisamment récent pour que l'anorthosite y soit encore détectable. Cela ne constitue toutefois pas une preuve, à mes yeux, qu'une croute d'anorthosite puisse s'étendre sur l'ensemble de la surface d'un hypothétique bassin Gargantua.
Chuck Wood
(traduction Jocelyn Sérot)
Liens
Les scientifiques travaillant sur les données de Kaguya ont publié un article sur ce sujet.
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